Forficules communs (Perce-Oreilles)
Description
Le forficule, ou perce-oreille, est facilement identifiable grâce à ses cerques, deux petits appendices situés au bout de la partie arrière de son corps brun rougeâtre. Ils sont plus recourbés chez le mâle et plus droits chez la femelle. Deux ailes sont pliées d’une façon si élaborée qu’elles sont rarement utilisées pour le vol; d’ailleurs, on ne peut distinguer que les deux autres petites ailes épaisses qui les protègent.
Comportement
Contrairement aux grands animaux et aux humains qui produisent généralement peu de rejetons mais leur prodiguent ensuite des soins, les insectes optent presque tous pour une stratégie différente qui consiste à produire davantage de descendants mais à ne pas investir d’énergie pour s’en occuper. Les forficules font figure d’exception chez les insectes puisqu’une fois accouplée, la femelle se retire à quelques centimètres sous terre, dans un nid, où elle pond et passe l’hiver à s’occuper de ses œufs. Elle les couve, les nettoie pour les débarrasser des moisissures, les regroupe et peut même les déplacer pour leur éviter des variations de température et d’humidité. Ceux-ci éclosent au printemps. La femelle prodigue également des soins aux jeunes larves pendant deux ou trois semaines au cours desquelles elle les protégera et les nourrira. Les larves, qui ressemblent progressivement aux adultes en se développant, commencent leurs explorations nocturnes vers la fin mai, puis elles quittent le nid, et la femelle meurt. Ces insectes sont actifs la nuit. Le jour, ils se cachent sous une écorce, une pierre, une pile de bois ou dans les fissures. Ils peuvent sécréter un liquide qui produit une odeur nauséabonde.
Endroits où on les remarque dans la maison
Le forficule se nourrit de matière en décomposition mais aussi d’insectes (parfois de ses semblables), de champignons, de feuilles tendres, de fleurs, de légumes et de fruits. Son habitat préféré est donc l’extérieur. Par contre, le sol qui borde les fondations d’une maison ou les fissures qu’on y retrouve peuvent lui convenir pour passer l’hiver. Lorsqu’on l’aperçoit dans une maison, il est habituellement de passage et poursuit sa recherche de nourriture et d’abri. Il ne se reproduit pas à l’intérieur. S’il s’y retrouve le jour, c’est peut-être parce qu’ils sont nombreux dans les environs, mais il est aussi possible que sa présence soit causée par l’introduction de fleurs coupées. On le retrouve généralement sous les pots de fleurs, dans les cavités du mobilier de jardin ou dans le garage.
Moyens de prévention
Lorsqu’il a accès à un environnement qui lui confère un abri et de la nourriture, le forficule ne cause pas vraiment de dégâts. Les plaintes à son sujet sont parfois liées aux endroits où on a récemment réalisé un aménagement paysager à partir d’un sol plutôt dénudé et sans compost. Notre façon actuelle de concevoir les potagers (rangs rapprochés et sol nu) l’oblige à s’en prendre à nos plantations, car il ne peut y trouver d’autres sources de nourriture. Pour pouvoir être les seuls à profiter pleinement des légumes que nous plantons, il est préférable de débuter les ensemencements à l’intérieur et de les transplanter le plus tôt possible ou lorsqu’ils seront assez vigoureux pour supporter quelques dommages. Pour ne pas avoir de perce-oreilles dans la maison, on peut colmater, boucher ou installer des moustiquaires dans les petites fentes par où ils peuvent entrer. Il est aussi préférable de ne pas leur fournir d’abri en laissant des débris (végétaux ou autres) autour de la maison et de tailler le feuillage qui entre en contact avec celle-ci.
Méthodes de contrôle
Lorsqu’on constate des ravages dans le jardin, encore faut-il s’assurer qu’ils sont bien causés par le perce-oreille. Une visite de nuit avec une lampe de poche permettra peut-être de découvrir que les dommages proviennent des limaces ou des chenilles.
En retournant la terre du potager et des plates-bandes tôt au printemps, on dérangera l’adulte et on exposera les œufs de cet insecte aux intempéries ainsi qu’à leurs ennemis (prédateurs et parasites). En enlevant les débris, le gazon coupé et les feuilles mortes au sol, on évitera de leur fournir un abri. Par contre, l’ajout de compost permettra d’abriter de petits organismes dont se nourrissent les forficules et leur évitera de s’en prendre à nos plants.
Les pièges se sont révélés très efficaces pour contrôler ces insectes à l’extérieur, car ils s’y cachent. Utilisez un élastique pour maintenir ensemble deux cartons gaufrés dont les creux des rainures sont placés face-à-face afin que les perce-oreilles puissent s’y introduire, et placez-les aux endroits qu’ils fréquentent, comme le potager ou près des arbres ou de la maison. Une tige de bambou, un tube de caoutchouc, un chiffon humide ou une page de journal roulée constituent également de bons abris. Comme appât, une boîte de conserve contenant une petite quantité de poisson (thon ou sardine) et d’huile (végétale ou de poisson) ou des croûtons humides peut être déposée au ras du sol avant la nuit et examinée le lendemain matin. Les individus qui y seront tombés pourront être tués dans de l’eau savonneuse.
De la terre de diatomée, élaborée à partir de minuscules organismes aquatiques, peut être saupoudrée afin que les perce-oreilles, en s’y frottant, s’égratignent le corps et meurent de déshydratation. Dans le sous-sol des maisons, il faut diminuer le taux d’humidité pour qu’ils le trouvent moins propice à leur survie. Certains insecticides sont parfois utilisés dans le cas de fortes infestations. Ils sont plus souvent nécessaires à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Croyances populaires
Le perce-oreille doit son nom à la croyance selon laquelle il serait capable de s’introduire dans les oreilles et d’en percer les tympans. Si un forficule s’était déjà accidentellement introduit dans le conduit de l’oreille d’une personne endormie, ce serait simplement dû au fait qu’il recherche les cavités sombres naturelles ou artificielles pour se cacher, car il n’est pas particulièrement attiré par nos oreilles ni par nous ! Pour se défendre, il peut arquer son corps et se servir de ses cerques pour nous pincer tout au plus. Il s’en sert aussi pendant l’accouplement et pour plier ses ailes après le vol. Les femelles vont parfois les utiliser pour se disputer une source de nourriture.
Contrairement à la croyance populaire, cet insecte s’avère plutôt utile, car il mange les pucerons dans les vergers, il pollinise les fleurs et il sert de nourriture aux animaux. Or, la détermination à le tuer serait davantage liée au fait que les gens n’aiment pas son allure plutôt qu’aux dégâts qu’il cause.