Anobiidés
Description
Les anobiidés font partie de l’ordre des coléoptères xylophages, ce qui signifie que la larve de certaines espèces s’attaque au bois. Deux espèces se retrouvent principalement dans les habitations, soit Anobium punctatum ou vrillette domestique ou petite vrillette, et Xestobium rufovillosum ou grosse vrillette. Elles sont connues pour les dégâts occasionnés dans les meubles anciens, leur présence étant le plus souvent, à tort et pour bon nombre de personnes, un signe d’authenticité pour ce type de meubles. Cet insecte se rencontre aussi souvent, sinon plus, dans les bois de charpente et de plancher.
Les adultes de la petite vrillette (2,5 à 5 mm) et de la grosse vrillette (5 à 7 mm) ont un corps massif et globuleux, et leur tête est cachée sous le thorax en forme de capuchon. La petite vrillette a une forme allongée et est de couleur brun chocolat avec des ponctuations sur les élytres, tandis que la grosse vrillette est plus trapue et de couleur brun foncé présentant un aspect marbré attribuable à des touffes de poils jaunâtres. La larve (5 à 7 mm pour la petite vrillette et jusqu’à 11 mm pour la grosse vrillette) est arquée, de couleur blanc crémeux et couverte de poils. Son thorax porte trois paires de pattes. |
Biologie et comportement
Les oeufs – 25 en moyenne pour la petite vrillette et 50 en moyenne pour la grosse vrillette – sont généralement pondus pendant l’été dans les fissures du bois. Ils sont blanc laiteux et mesurent à peine 0,5 mm. L’éclosion de la larve a lieu quatre à cinq semaines après la ponte. Dès son émergence, la larve creuse des galeries dans le bois, et ce processus se poursuit tout au long de son développement, lequel varie selon la température, l’humidité et la qualité nutritive du bois. Le stade larvaire de la petite vrillette s’étale sur deux à quatre ans, et celui de la grosse vrillette sur trois à cinq ans. Si les conditions environnementales ne sont pas favorables, le stade larvaire peut se prolonger jusqu’à 10 ans.
Lorsque la larve est prête à passer à la forme de pupe, elle creuse une chambre tout près de la surface du bois et y loge de deux à trois semaines. L’adulte émerge dans cette chambre et fore un trou de sortie dans le bois. Une fois que les adultes ont émergé, ils s’accouplent, et les femelles partent à la recherche de bois pour pondre leurs oeufs. Leur vie est uniquement dédiée à la reproduction. L’adulte ne se nourrit pas et vit entre trois et quatre semaines pour la petite vrillette et entre huit et dix semaines pour la grosse vrillette. Il n’est pas rare de voir les femelles pondre dans les anciens trous de sortie, puisque si les conditions environnementales sont favorables pour leur progéniture, il vaut mieux revenir au même endroit. Il est à noter que les dommages dans le bois sont essentiellement causés par les larves.
Endroits où on les remarque dans la maison
Les vrillettes vivent naturellement à l’extérieur, mais elles se plaisent très bien dans les habitations. Elles s’attaquent plus particulièrement au bois d’œuvre (charpentes et planchers), mais également aux meubles, aux oeuvres d’art et aux bibliothèques. La petite vrillette montre une préférence pour le bois humide et se développe aussi bien dans les essences de feuillus que de résineux. La grosse vrillette peut également se développer dans les feuillus et les résineux, mais contrairement à la petite vrillette, le bois humide est indispensable à son développement. L’humidité entraîne le développement de champignons lignicoles dans le bois, et l’azote produit par les champignons ainsi que l’eau fournissent les nutriments nécessaires à son développement. Une humidité minimale de 22 % est indispensable au développement de champignons et, par conséquent, au développement de la larve. La température doit se situer entre 20 et 25 °C. Les vrillettes semblent épargner les essences tropicales.
Moyens de prévention
Comme les vrillettes sont attirées par le bois humide, il faut éliminer l’excès d’humidité dans les pièces problématiques. Cette humidité est souvent liée à des infiltrations d’eau provenant de la toiture, de la canalisation, des fissures ou encore des dégâts d’eau, de tempêtes, d’inondations, etc. Afin de prévenir les infestations, il faut vérifier régulièrement l’état du bois, surveiller l’apparition de signes de présence (trous de sortie, fèces, présence d’adultes près des fenêtres), supprimer les sources d’humidité favorables aux champignons lignicoles et être vigilant quant à la qualité du bois utilisé pour la construction. Des traitements physico-chimiques préventifs peuvent être effectués.
Signes d’infestation
Les adultes de la petite et de la grosse vrillette forment des trous de sortie typiquement circulaires dans le bois. Ceux de la petite vrillette mesurent de 1 à 3 mm, et ceux de la grosse vrillette de 2 à 4 mm. Ces trous sont plus ou moins localisés et nombreux. En général, seules les parties riches en aubier sont attaquées, mais ces attaques peuvent s’étendre au bois parfait s’il est non duraminisé (p. ex., le pin). En cas de développement fongique, le duramen des essences résistantes peut être attaqué. Des amas de vermoulure peuvent apparaître à la surface du bois infesté. Étant donné que les larves ne creusent pas de galeries à l’extérieur du bois, les dommages peuvent s’avérer considérables avant que les trous de sortie des adultes n’apparaissent, d’autant plus que, tel qu’il est mentionné plus haut, ces trous peuvent prendre quelques années avant d’apparaître. Selon les relevés effectués, il a été établi que le nombre d’insectes de la première génération se trouve multiplié par dix en dix ans. Leur présence dans les habitations signifie qu’à plus ou moins long terme, les meubles en bois massif non protégés sont contaminés.
Par ailleurs, les adultes ont la capacité de voler et sont attirés par la lumière du jour. Ils se retrouvent donc déambulant sur le rebord des fenêtres ou tout près de celles-ci. Si des adultes sont aperçus dans les habitations, il faut déterminer leur provenance en cherchant leurs trous de sortie.
Il est également possible de confirmer la présence de vrillettes en observant (à la loupe) les fèces caractéristiques. Les excréments de la petite vrillette sont très petits, cylindriques et allongés, tandis que ceux de la grosse vrillette sont plus ronds, plus gros et ressemblent à de minuscules lentilles. Comme les deux vrillettes peuvent cohabiter, la présence de l’une n’exclut pas la présence de l’autre.
Moyens de contrôle
Le meilleur moyen de contrôle dans le cas de vrillettes est la prévention. Si, malgré les moyens utilisés, il y a infestation, il faut dans un premier temps déterminer le degré des dégâts. S’il s’agit d’une infestation légère dans un meuble ou un accessoire en bois, il est recommandé de le décaper et d’appliquer un insecticide résiduel sur l’objet en question. S’il s’agit d’une infestation plus importante, il est conseillé de faire fumiger l’objet dans une pièce spécialement prévue à cette fin. Il est à noter que la plupart des meubles importés au pays sont fumigés au moyen de cette technique.
Lorsque les charpentes ou les planchers sont gravement atteints, il faut absolument remplacer le bois, sinon la maison risque de finir en poussière. Une meilleure ventilation est aussi recommandée. Dans le cas d’une infestation modérée ou légère, l’application annuelle d’un insecticide pendant un minimum de trois ans (afin de couvrir le cycle de l’insecte) est conseillée.
Autres faits intéressants
La grosse vrillette porte aussi le nom d’« horloge de la mort ». Dans le bois infesté par cet insecte, un bruit sec, régulier et périodique est souvent entendu dans le silence de la nuit. Ce sont les femelles adultes qui se frappent le front contre le bois afin d’attirer les mâles (parade nuptiale). Autrefois, une croyance populaire disait que ce bruit annonçait la mort de quelqu’un.
Les vrillettes sont des comédiennes, car elles ont la faculté de « faire la morte ». Comme elles peuvent rester immobiles pendant de longs moments, il ne faut donc pas tenir pour acquis qu’elles sont mortes.