Insectes

Blattes (Coquerelles)

Description

Plusieurs blattes, ou coquerelles, des pays chauds peuvent atteindre des dimensions imposantes (certaines ont plus de 7 cm) : d’ailleurs, c’est en raison de cette caractéristique qu’elles figurent souvent dans les films d’horreur ou les épreuves d’endurance. La blatte germanique, la plus commune dans les maisons du Canada, compte parmi les petites (1 à 1,5 cm). Elle se distingue par la présence de deux lignes parallèles au corps sur la partie rigide qui recouvre sa tête. La tête, ainsi cachée, constitue une particularité commune à toutes les blattes. Les différentes espèces qui vivent à l’intérieur présentent des patrons de coloration différents, mais elles sont souvent brunâtres. Leur corps est ovale et elles portent de longues antennes. Les adultes sont munis d’ailes, lesquelles sont plus courtes parmi certaines espèces, surtout chez les femelles.

Comportement

Il existe plus de 4 000 espèces différentes de blattes dans le monde, et la plupart vivent à l’extérieur. Elles y recyclent la matière (végétale ou animale) en la consommant, servent à leur tour de nourriture aux animaux ou pollinisent les plantes. Seules quelques espèces envahissent les maisons où elles prolifèrent, souvent parce qu’elles sont exotiques et que leurs ennemis naturels ne les ont pas suivies.

Les œufs (une trentaine pour la blatte germanique) sont regroupés dans une capsule appelée oothèque. La femelle en produira quelques-unes dans sa vie. L’oothèque peut être tout d’abord transportée à l’intérieur de la partie arrière du corps de la femelle, puis elle sera laissée à un endroit où sortiront de petites larves, semblables à l’adulte mais en plus petit. À mesure qu’ils se développeront, ces jeunes verront leurs ailes devenir aussi longues que celles des adultes, qui s’en servent parfois pour planer.

Les blattes communiquent chimiquement par des phéromones, ces substances qu’elles sécrètent et qu’elles peuvent sentir pour se guider, par exemple, vers des sources de nourriture découvertes par leurs semblables. Une phéromone d’agrégation leur indique l’endroit où elles sont regroupées. Les poils qui recouvrent les appendices placés à l’arrière de leur corps sont sensibles aux déplacements d’air, ce qui fait qu’elles sont rapidement averties de notre présence et peuvent se déplacer vite. Elles deviennent plus actives à l’approche de la noirceur et fuient la lumière. Le jour, on ne les aperçoit habituellement que lorsque la population est élevée. Il ne leur faut guère de temps pour envahir d’autres endroits adjacents.

Endroits où on les remarque dans la maison

Les coquerelles sont attirées par les aliments que nous laissons à leur disposition. On les retrouve donc fréquemment dans la cuisine mais aussi dans la salle de bain, car elles ont besoin d’humidité et d’eau. Les différentes espèces ne recherchent pas nécessairement le même habitat. Certaines vivent dans les drains, les égouts, les meubles, sous le réfrigérateur ou le four, près des conduites chauffées, dans les armoires, les tiroirs, le garde-manger, etc.

Les blattes germaniques vont préférer les substances sucrées, mais si elles sont affamées, elles se nourriront même de la colle utilisée pour la reliure des livres. Elles contaminent les aliments en y laissant leur salive et leurs excréments. Ces coulées brunes malodorantes peuvent révéler leur présence.

Moyens de prévention

Lorsque vous revenez de l’épicerie, examinez attentivement vos sacs. Les sacs en papier leur offrent plus de possibilités de cachette. Les modifications que vous pouvez apporter à votre environnement (expliquées dans la prochaine section) constituent des mesures qui n’incitent pas ces insectes à s’établir dans votre maison.

Méthodes de contrôle

Les blattes recherchent ce qu’elles trouvaient dans leur habitat naturel, soit de la chaleur, de l’humidité, de l’eau, de la nourriture et de petits endroits qui leur permettent de se sentir à l’abri. Même si un insecticide efficace contre ces insectes était pulvérisé partout dans un édifice, cela ne pourrait empêcher de nouvelles blattes de s’y installer ultérieurement si elles trouvent ce dont elles ont besoin. Les insecticides ne traitent que les symptômes et non la cause de l’infestation. Il est de loin préférable de modifier l’habitat pour le rendre moins propice à leur survie. La blatte germanique survivra moins longtemps si elle n’a pas accès à la nourriture et encore moins longtemps si elle est privée d’eau ou d’humidité. Il faut donc faire en sorte que l’eau ne soit pas accessible en réparant les tuyaux ou les robinets qui coulent et en trouvant un moyen d’abreuver les animaux de compagnie mais non les blattes. Il faut s’efforcer de contrôler l’humidité en déshumidifiant ou en ventilant les pièces. Il est aussi préférable d’essuyer ou d’isoler les conduites qui sont couvertes de condensation.

Il faut également organiser une gestion minutieuse des aliments, des miettes et des déchets afin de s’assurer qu’ils ne sont pas à la portée des blattes, surtout aux environs d’une source d’humidité qui ne peut être corrigée. Les aliments doivent être gardés dans des contenants vraiment hermétiques. La vaisselle qui n’a pu être lavée sera laissée dans un bac d’eau savonneuse. Les bouteilles ou les boîtes de conserve destinées à être recyclées seront lavées pour qu’aucun résidu n’y soit accessible. Un couvercle ajusté sera laissé sur la petite poubelle de plastique qui demeure à l’intérieur, de même que sur celle à l’extérieur. Une attention sera aussi portée à la graisse de cuisson qui s’accumule autour du four.

Des pièges collants en carton (auxquels on ajoute parfois un appât ou des phéromones) doivent être placés le long des murs sur les sentiers qu’empruntent les blattes pendant leur quête d’eau ou de nourriture. Il sera possible d’en capturer davantage près des endroits où elles se cachent en groupe. Toutes les petites fissures présentant des possibilités de cachette près de ces endroits doivent être colmatées ou bouchées. De petits moustiquaires (ou coupe-brise sous les portes) doivent être installés pour empêcher l’intrusion des blattes et leur dissémination entre les appartements. Il faudra aussi prendre le temps d’expliquer l’importance de telles mesures à toutes les personnes qui habitent la maison ou l’édifice infesté. Il faut bien comprendre que ce n’est pas en déménageant qu’on règle ce problème, car il est facile d’en emporter avec ses bagages. En plaçant de nouvelles trappes collantes, on pourra vérifier si la capture est moins nombreuse. Il faut savoir que, la plupart du temps, l’utilisation de trappes collantes ne sera pas suffisante pour contrôler le nombre de blattes si elle n’est pas accompagnée des mesures proposées précédemment.

Il est préférable de ne pas pulvériser n’importe quel insecticide partout, sans discernement, car les blattes circulent rarement à découvert et l’odeur d’un produit mal choisi peut repousser les blattes dans des cachettes qu’elles quitteront après quelque temps. De plus, il faut éviter que les blattes deviennent résistantes à cet insecticide qui s’avérera alors inefficace contre elles. Il faut aussi savoir que ce n’est pas parce qu’un produit aérosol est bien connu et qu’on peut se le procurer facilement qu’il est inoffensif pour l’humain si on en abuse dans sa demeure. Certains pesticides peuvent faire sortir rapidement les blattes qu’ils atteignent sans, pour autant, régler le problème. Lorsque l’utilisation d’un insecticide est envisagée, il faut que ce dernier soit reconnu comme efficace contre ce type d’insectes et que sa toxicité soit la plus faible possible pour les humains (qui devront, au besoin, respecter l’intervalle de temps où ils ne peuvent pas demeurer à l’intérieur). Un poison efficace, lorsqu’il est ingéré par la blatte (appliqué seulement aux endroits nécessaires) donne parfois de bons résultats. La couche protectrice de l’insecte sera égratignée s’il se frotte, sur son passage ou dans sa cachette, contre une poudre à base de terre de diatomée (composée de silice). Il mourra ensuite de déshydratation. Ce produit, élaboré à partir d’un élément naturel, est parfois combiné à d’autres produits. Comme les problèmes de coquerelles sont répandus dans le monde entier, de nombreux choix de produits existent. On utilise des micro-organismes du sol, des produits qui empêchent les nymphes de se développer, différents appâts, des insecticides qui agissent au contact de l’insecte et des combinaisons de ces produits avec la phéromone d’agrégation.

Certaines personnes sont allergiques aux excréments, aux exuvies (anciennes peaux) ou aux substances laissées par les blattes et pouvant se retrouver en suspension dans l’air. Elles développent différents symptômes pouvant aboutir à de l’asthme ou, rarement, à de plus graves complications.

Croyances populaires

Même s’il peut être terriblement gênant d’avouer que notre demeure est envahie par les coquerelles, il ne faut en aucun cas croire la fausse idée répandue selon laquelle leur présence serait causée par la mauvaise hygiène. Comme les blattes sont réputées pour aimer les petites fentes exiguës où elles se sentent à l’abri et comme elles passent 75 % de leur temps au repos, il est très facile de les introduire chez soi dans le pli d’un sac d’épicerie en papier ou dans le carton ondulé d’une boîte. Par ailleurs, étant donné que les insectes de toutes sortes sont omniprésents dans notre entourage, il est préférable de s’efforcer de ne pas leur rendre notre maison trop accueillante en laissant de la nourriture à leur portée.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la coquerelle passe beaucoup de temps à nettoyer son corps. Elle s’assure ainsi que les poils sensoriels qui la recouvrent seront bien fonctionnels. C’est d’ailleurs par cette voie, entre autres, que les poisons finissent par être ingérés et deviennent efficaces.

Autres faits intéressants

L’homme exploite les blattes à plusieurs fins, notamment comme animal de laboratoire ou de compagnie, ou pour leurs propriétés médicinales. Elles auraient même certaines aptitudes pour prédire les tremblements de terre. En 1996, une espèce était déjà protégée par une loi portoricaine sur les espèces en danger.